L'Europe doit se réapproprier ses données. Ses citoyens et ses entreprises en produisent beaucoup mais les exploitent peu. Il est temps de développer nos propres industriels de la data.
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Stéphane NEREAU
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Décrite ainsi, la situation européenne semble tout à fait inacceptable. Et c’est dans cette optique qu’il faut lire le projet (encore un peu flou) d’un internet européen porté par Angela Merkel. Que propose la Chancelière ? De doter l’Europe de sa propre infrastructure pour garantir sa souveraineté sur les données. L’intention est bonne, mais le projet se trompe peut-être d’outils pour arriver à ses fins. Le problème de notre continent n’est pas de bâtir des clouds souverains ou un réseau internet dédié. Ce qu’il nous manque plutôt, c’est une plate-forme capable de faire produire des données (aux Européens et au reste du monde), de les raffiner et de les industrialiser ensuite pour produire nos propres services.
L’idée ici n’est pas de plaider pour l’avènement d’un Google européen. Tenter de faire émerger des copies (forcément pâles) de Facebook, Amazon ou LinkedIn serait un projet coûteux et vain. Non. Pour reprendre la main sur la production et l’exploitation des data, l’Europe doit tenter de prendre position sur la prochaine vague, celle qui se profile dès maintenant, celle de l’internet des objets. Il n’est pas écrit que les Gafa (Google, Apple, Facebook, Amazon) réussiront à dominer ce nouveau marché.