S'il est sans doute encore un peu tôt pour vérifier que la Russie et la Chine pourraient venir concurrencer et pourquoi pas, à termes, dominer les USA dans le cyberespace, force est cependant d'observer deux faits différents mais complémentaires : la Russie dispose, dans ce domaine, de ressources techniques et humaines plus que respectables. La Chine, elle, se dote en plus de capacités technologiques et d'innovations qu'il conviendrait d'évaluer avec le plus grand respect.
Scooped by Stéphane NEREAU |
Dès lors, il est tout à fait concevable d'envisager une architecture du cyberespace différente d'ici 2030. Les infrastructures disponibles de transport et de traitement des données seront toujours, d'une part, majoritairement le fait de compagnies privées, Google (8) étant l'une des locomotives des évolutions en devenir. D'autre part, ce seront aussi d'autres pays que l'oncle Sam qui se partageront la régulation et la puissance : Chine, Brésil, Russie, Inde, peut-être l'Europe (9)(10). La stratégie et la géopolitique du cyberespace (11) en seraient alors modifiées sans qu'il soit, pour le moment, possible d'en définir l'amplitude et les effets. Une chose est sûre cependant : louper le train de l'innovation combinatoire (12), du numérique et, plus largement, des NBIC (13) relèguera la volonté supposée de puissance d'une nation à des rêves de grandeur mortifiée.
Cette stratégie des câbles se retrouve également sur un autre continent, celui de l'Amérique du Sud. Le Brésil a en effet en projet de poser de la fibre optique sous-marine jusqu'en Europe en passant directement par le Portugal. Les limites étant d'avoir annoncé ce projet en excluant des équipements de réseaux de marque Cisco, ceux pouvant les remplacer n'étant pas légion sur le marché. Même si notre regard teinté de souverainisme resterait au mieux dubitatif, l'utilisation d'équipements réseau du chinois Huawei ne semble pas une solution inenvisageable.