Suivant David Sanger (le journaliste qui avait déjà révélé le rôle des administrations Bush et Obama dans l’opération Stuxnet contre l’Iran), Washington aurait récemment étudié une frappe cyber contre la Syrie, puis aurait fini par y renoncer. Si la nouvelle est vraie (et la source semble plutôt crédible), cela signifie que les États Unis envisagent une utilisation offensive de leurs cyberarmes comme moyen de contrainte, moins spectaculaire, moins sanglant et moins choquant pour l’opinion internationale que des frappes dites cinétiques, par le fer et par le feu.
Les arguments contre semblent donc l’avoir emporté sans que nous puissions dire si c’est à tort ou à raison (sur le plan technique, s’entend). En revanche, cela devrait nous faire réfléchir sur la valeur stratégique des cyber-armes. À quoi servent-elles si leurs conditions d’emploi sont si restrictives et qu’elles ne se trouvent presque jamais réunies ? Font-elles si peur que cela aux "faibles" (les États voyous qui seraient tentés d’y recourir anonymement) si les « forts » hésitent tant à les mobiliser ? Et si elles ne font pas peur, les États démocratiques qui en fabriquent, doivent-ils attendre des circonstances dramatiques pour les sortir des placards ? En attendant les réponses restent dans le mystère par rapport à des armes dont on voit bien l’usage pour l’espionnage mais bien moins l’utilité pour exercer une contrainte, qui reste, au fond, le but de la guerre.