Pour la philosophe Antoinette Rouvroy (@arouvroy) chercheuse au Centre de recherche interdisciplinaire en information, droit et société de l’université de Namur et au Fonds de la recherche scientifique, l’équivalent belge de notre CNRS, les Big Data et la personnalisation algorithmique sont un changement de paradigme. Un changement de paradigme dans notre relation au monde parce qu’ils rendent le monde signifiant, parce qu’ils produisent ce « qui compte comme réel », parce qu’ils ont des implications sur les modes d’exercice du pouvoir… explique-t-elle sur la scène du colloque “la politique des données personnelles : Big Data ou contrôle individuel” organisé par l’Institut des systèmes complexes et l’Ecole normale supérieure de Lyon qui se tenait le 21 novembre 2013. C’est un changement de paradigme, non plus seulement sur les individus, mais sur ce qu’ils pourraient faire du pouvoir comme l’explique le philosophe Grégoire Chamayou dans son livre Théorie du drone qui montre que les frappes de drones se font sur des gens identifiés par un modèle de déplacement, d’activité (cf. “De la fabrique des automates politiques”). Chamayou montre bien que, par rapport au droit, nous sommes entrés dans une autre perspective : on n’identifie plus des gens, mais des formes de vies. Des formes de vies potentiellement terroristes pour les drones, des formes de vies qui ont certaines propensions à l’achat dans le marketing… “En fait, avec les Big Data, l’identification n’a plus beaucoup d’importance”, estime Antoinette Rouvroy.