Des chercheurs d’INRAE ont examiné l’effet des pratiques agricoles et du paysage sur la biodiversité, les fonctions écologiques et les rendements agricoles dans un site d’étude à long-terme du Sud-Ouest de la France. Publiés dans Agriculture Ecosystem and Environnement, leurs travaux montrent que les pratiques agricoles qui diminuent la biodiversité agricole limitent par ailleurs l'expression du potentiel de rendement des cultures. Ils montrent également qu’augmenter l’hétérogénéité des paysages agricoles est un levier d’action considérable pour maintenir la stabilité des rendements agricoles face à des évènements climatiques défavorables plus fréquents
INRAE INSTIT
Publié le 17 décembre 2021
"La disparition de certains milieux semi-naturels tels que les bosquets, les haies, ou les bandes enherbées, liée au regroupement de parcelles cultivées, est une des principales causes de la perte de biodiversité des milieux agricoles. Or, cette biodiversité remplit des fonctions écologiques critiques pour l’agriculture, entre autres la régulation des ravageurs, la pollinisation, la fertilisation des sols. Les effets indirects des pratiques agricoles et des paysages sur les rendements agricoles restent cependant imprécis du fait des interactions entre ces différents facteurs et des variations liées aux conditions météorologiques.
Dans cette étude menée au sein du réseau des acteurs de la recherche en environnement de la "Zone Atelier" Pyrénées-Garonne, les auteurs ont analysé les relations entre ces différents éléments sur des parcelles de grandes cultures céréalières. Ils ont évalué la biodiversité agricole (grâce à l'observation des communautés de carabiques et de la flore spontanée), les fonctions écologiques de contrôle biologique des bioagresseurs et de pollinisation (témoignages du fonctionnement écologique global de l’écosystème), et les rendements en céréales."
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Farming intensity indirectly reduces crop yield through negative effects on agrobiodiversity and key ecological functions - Agriculture, Ecosystems & Environment, 13.12.2021
https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0167880921005144
Quatre types de potentiel de prédation (lutte contre les ravageurs) ont été mesurés avec trois organismes proies différents (pucerons, œufs de papillons de nuit et graines), et à l'aide de "cartes" de papier de prédation de couleur neutre (noir) de 5 cm × 5 cm (Geiger et al., 2010).
La prédation des graines a été évaluée à l'aide de graines de Viola arvensis (dix par carte). La prédation des insectes a été évaluée à l'aide de pucerons (Acyrthosiphon pisum, trois par carte) et d'œufs de papillons de nuit (Ephestia kuehniella, paquet d'œufs groupés car ils sont trop petits pour être dénombrés avec précision). Les proies ont été achetées auprès de sociétés de biocontrôle qui élèvent ces organismes. (...) Les mesures de prédation ont eu lieu à la fin du mois d'avril et à la fin du mois de mai. (...)
Le potentiel de pollinisation a été estimé en utilisant deux parcelles de fraisiers en fleurs situées en bordure de champ. Comme les cultures céréalières étudiées sont non entomophiles et que les mesures ont été effectuées en dehors des champs, nous n'avons pas estimé le potentiel de pollinisation des cultures dans le champ cible mais un potentiel de pollinisation à l'échelle du paysage. Dans un contexte de successions de cultures comprenant également des cultures entomophiles (principalement colza et tournesol), nous supposons qu'un potentiel de pollinisation élevé au niveau du paysage pour une année donnée reflète un contexte de pollinisation favorable pour les cultures entomophiles suivantes. (...)
L'agrobiodiversité a été étudiée à travers les communautés de carabes et de plantes vasculaires. Les carabes jouent un rôle important en tant qu'insectes bénéfiques et sont considérés comme un bon modèle écologique pour étudier l'agrobiodiversité (Bohan et al., 2011, Bohan et al., 2000). Les plantes vasculaires sont des bioindicateurs bien connus de la santé des sols, des pratiques agricoles et représentent une ressource alimentaire locale importante pour les organismes (IPBES, 2016). Les communautés de carabes ont été évaluées à l'aide de quatre pièges à fosse par champ, c'est-à-dire un à chaque extrémité des deux transects de 50 mètres. Les carabes ont été échantillonnés pendant 4 jours en même temps que l'expérience de prédation. Les carabes ont été identifiés au niveau de l'espèce (adapté de Roger et al., 2010). Les données ont été regroupées par champ pour les quatre pièges et les deux périodes.
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Bernadette Cassel
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