La sécurité des collaborateurs à l’étranger est aujourd’hui un enjeu majeur au sein des entreprises. Le 16 septembre 2010, à Arlit (Niger), un commando d’AQMI enlève cinq français, employés d’Areva et de Sogea-Satom, filiale du groupe Vinci. Quatre de ces otages passèrent trois années en captivité. Outre les pertes liées aux paiements de rançons et à l’emploi probable d’ESSD (entreprises de sécurité et de services à la défense) dans les négociations, les entreprises se virent assignées en justice en manquement de l’obligation de sûreté envers leurs employés. Cet épisode remit au goût du jour les problématiques liées aux jurisprudences Karachi et Julo en terme de sécurité des collaborateurs à l’étranger. Une autre question, polémique, est intimement liée à ces jurisprudences ; celle du développement des ESSD en France.
La France, dans le domaine du security risk management et des ESSD est en retard face aux firmes américaines, britanniques, israéliennes. Le marché de la sécurité privée mondial explose, du fait de la baisse des dépenses militaires dans de nombreux pays d’Europe en particulier et de l’augmentation des « zones grises » à travers le monde. Les risques sécuritaires sont aujourd’hui largement pris en compte par les grandes entreprises françaises, notamment au sein des directions « sûreté ». Cependant, afin de gagner de nombreux marchés, les ESSD françaises doivent inspirer confiance et donc bénéficier d’une liberté d’action garantie mais restreinte (grâce au Conseil National des Activités Privées de Sécurité) pour sortir des stéréotypes « Blackwater-Irak ». Un cadre législatif durable est la base du développement des ESSD françaises et l’assurance de voir se développer à terme des partenariats publics-privés mutuellement profitables.