Pour les renouvellements du 1er janvier 2014, tous les grands courtiers ont réussi à maintenir leurs positions sur le segment des cent principales entreprises françaises. Au niveau tarifaire, le marché hexagonal joue la carte de la stabilité, contrairement à certains de ses voisins européens. Une analyse sectorielle montre que, dans la construction, le marché des grands comptes connaît quelques remous, notamment en responsabilité civile décennale, que le secteur des institutions financières est toujours sous tension, tandis que le transport et l'agroalimentaire voient encore grandir l'appétit des assureurs.
On ne peut pas, toutefois, attribuer tous les bénéfices à la réassurance structurée. « La stratégie de protection des fonds propres diffère selon les contraintes exercées sur le capital. Elles ne sont pas les mêmes selon qu'il s'agit d'une mutuelle ou d'une société d'assurances constituée en société par action et cotée en Bourse », remarque Patrick Thourot, le président d'Altia.
Cependant, indéniablement, la réassurance structurée connaît un regain motivé à la fois par la crise financière et par les contraintes imposées par la directive européenne Solvabilité 2. « La situation financière de certaines compagnies, liée à la conjoncture financière, et l'actionnariat bancaire dominant dans l'industrie de l'assurance vie les conduisent à assurer une stabilité de leur résultat sur une période déterminée et à protéger leur capital, voire à trouver des substituts au capital pour soutenir leur croissance en respectant les contraintes de marge de solvabilité », remarque Yvan Besnard, Treaty Chief Underwriting Officer Worldwide chez Scor Global P et C. La réforme réglementaire européenne a suscité une prise de conscience sur le rôle de la réassurance qui bénéficie indirectement à la réassurance structurée. « Autrefois, les assureurs se contentaient de protéger leurs activités ligne par ligne par de l'achat de réassurance. Aujourd'hui, ils saisissent mieux les interactions qu'ont leurs activités entre elles parce que Solvabilité 2 réclame un modèle interne. Les cédantes réfléchissent davantage aux effets de la réassurance sur leur bilan », constate Silke Sehm, ajoutant que la directive « punit » la volatilité. Simon Dufour est plus optimiste encore : « Le fait que la date de mise en application de Solvabilité 2 soit désormais connue est un élément qui va faciliter la prise de décision des cédantes relative aux produits structurés. Nous nous attendons donc à ce que l'intérêt des cédantes pour ce genre de produit soit pérenne. » Il reste désormais aux réassureurs et à leurs équipes dédiées de saisir la balle au bond.