À l'approche des élections municipales, et alors qu'une étude récente d'Arengi pour l'Amrae confirme le travail des communes en faveur d'une meilleure cartographie de leurs risques, cette démarche ne semble pourtant pas faire partie des arguments électoraux mis en avant auprès des administrés.
On ne captive pas les administrés en évoquant la façon dont les risques sont gérés dans la commune. C'est même un thème anxiogène que j'aborde rarement avec eux, car ils sont peu demandeurs d'informations sur la question ! », réagit spontanément Bernard Guy, maire de Saint-Blin. « C'est un sujet peu porteur et sans impact électoral, qui n'est pas considéré par les maires comme valorisant au niveau de leur gestion globale », à en croire Julien Vignoli (Gras Savoye). « En revanche, s'ils identifient eux-mêmes un risque (nécessité de mettre une barrière devant l'école, de combler un nid-de-poule...) ou pire, s'ils sont victimes d'un sinistre, alors là, nous les entendons et ils savent nous trouver », rappelle Bernard Guy. « C'est le paradoxe des citoyens : ils ne s'intéressent à la gestion des risques que lorsqu'ils sont directement concernés ou quand un problème survient », complète Gérard Sagué, responsable de l'Association départementale des maires des Pyrénées-Orientales.
Pour Yves Delbancut (Maif), il y a deux façons de communiquer sur les risques : « On peut dire "Attention, ne bougez plus, c'est trop dangereux", ou choisir d'exposer objectivement les risques et expliquer les actions de prévention menées pour les réduire. » Mais communiquer peut parfois être également contre-productif. Si l'on prend l'exemple du risque d'inondations, il n'est pas rare de voir des administrés exprimer leur incompréhension, voire leur opposition, face à l'interdiction de l'urbanisation dans des secteurs inondables. Non conscients des risques existants sur la commune, ces habitants craignent la diminution de la valeur foncière de leurs biens. L'organisation de séances d'information peut alors être utile pour expliquer les risques et calmer les esprits. « Avoir une gestion prudente des risques peut ainsi susciter des mécontentements et réduire le potentiel d'éligibilité, mais il faut garder en tête notre objectif premier : la sécurité », considère Bernard Guy, maire de Saint-Blin. De fait, si évoquer la bonne gestion des risques n'est pas considéré comme un argument électoral en soi, faire preuve de négligence peut, à l'inverse, agir comme un couperet, d'autant plus si un sinistre survient et qu'il se trouve médiatisé, telle la tempête Xynthia en Vendée en 2010. « On ne peut pas dire qu'on peut être réélu grâce à une bonne gestion des risques, c'est beaucoup plus large et plus complexe. Mais cela contribue à instaurer la confiance entre le maire et ses administrés. Par contre, en cas d'erreur avérée, après un sinistre majeur notamment, la sanction des urnes sera immédiate », confirme Laurent Jacques. Ainsi, à l'heure où 60% des maires ont déjà choisi de se représenter, avoir élaboré une gestion efficace des risques durant son mandat pourra permettre d'éviter les sanctions électorales et contribuera à créer un climat favorable à la réélection.