La Chine, à l'assaut des matières premières et de l'Afrique ? | Géopolitique & Géo-économie | Scoop.it

Avant même de poser l’existence sur l’échiquier mondial d’une « Chindiafrique », nouveau triangle de croissance et de puissance programmé, il est temps de mesurer comment la Chine fait de l’Afrique un accélérateur de sa domination. Si la Chine, qui se réclame encore du monde en développement (jusqu’en 2050 pour Hu Jintao), se refuse à débattre d’un éventuel « néocolonialisme », peut-elle longtemps différer l’analyse des interrogations, des hostilités nées de sa « nouvelle frontière africaine » ?

par Alain Nonjon

 

L’Afrique n’est pas un eldorado qui fait irruption pour la Chine au début du XXIe siècle. Lorsque l’empereur Ming Yongle installe la flotte chinoise au premier rang mondial, c’est notamment pour armer sept expéditions sous l’autorité de l’amiral eunuque Zheng He, dont certaines à destination en Afrique orientale. Le but de ces voyages ? Des missions de relations publiques, la mise en place de liens diplomatiques et commerciaux équilibrés et… provisoires, puisque dès 1433, il devient illégal de construire des bateaux et d’avoir l’esprit du « grand large ».
 Cet épisode est capital pour les Chinois : il justifie la référence à de « longs siècles d’amitié » et les appels de Hu Jintao aux « frères africains ». C’est donc une redécouverte de l’Afrique depuis 2000, après avoir apporté des soutiens aux luttes anticoloniales (Algérie, Angola, Rhodésie du Sud) ou face aux Russes (Éthiopie). Bardés de certitudes — pas de passif prédateur colonial, pas de rapports centre/ périphérie de domination —, les Chinois peuvent donc se présenter comme un « partenaire au-dessus de tout soupçon », un partenaire de relations Sud/Sud, « win-win », antihégémonique.
 Seule exigence chinoise : la marginalisation diplomatique de Taïwan (seuls quatre pays n’ont pas répondu aux pressions, le Burkina Faso, São Tomé et Principe, le Swaziland et la Gambie ; ce dernier pays étant pourtant l’eldorado de Huawei). C’est dans ce contexte que de 1949 à 2009, sur les quelque 33,7 milliards de dollars que la Chine a fourni en aide au développement, la moitié a eu pour destination l’Afrique. Mais plutôt que d’aide, Pékin préfère parler de « coopération gagnant-gagnant ou d’assistance mutuelle ».

 


Via François Arnal, Bernard LLINARES, Morgan BANCEL