Égalité, compétition et perfectibilité | Chronique des Droits de l'Homme | Scoop.it

La devise républicaine « Liberté-Egalité-Fraternité » place l'égalité en son centre, mais aussi en seconde position dans une séquence sur laquelle il est intéressant de s'interroger. Son homogénéité repose sur l'objet dont elle parle : les citoyens sont libres, égaux et fraternels. Elle ne précise pas pour autant le statut respectif et relatif des trois concepts dans leur rapport à l'association politique, mais son dispositif ordinal permet de s'en faire une idée. Très fréquemment pourtant, l'égalité est extraite de cette séquence ternaire et présentée comme la caractéristique principale d'une association politique démocratique, et comme un idéal qui devrait être poursuivi et concrétisé en tous domaines. Cette absolutisation de l'égalité a une origine philosophique, mais elle a aujourd'hui pour effet une sorte de dogmatisme politiquement correct qui conduit souvent à opposer l'égalité à la liberté comme des concepts concurrents et à réprouver la notion même de compétition. Or on peut montrer non seulement que la liberté et l'égalité ne sont pas opposées, mais aussi que la notion même de compétition, pourvu qu'on la prenne au sérieux et pour ainsi dire à la lettre suppose l'égalité : en ce sens, la compétition ne saurait être mauvaise. En outre, il apparaît qu'elle peut être bonne pour la démocratie dans la mesure où elle engage la perfectibilité humaine...