C'est une France rongée par la bureaucratie, engluée dans le “présentisme”, orpheline des grandes idéologies, asservie à l'Etat ou à une conception exclusivement économique de l'Europe, que le sociologue, administrateur de la Fondation Maison des sciences de l'homme, radiographie à la lecture d'une société mais aussi de gouvernants socialistes et d'un aréopage intellectuel en peine d'initier un aggiornamento réformiste. Une France qui se morfond dans l'aphasie et le mutisme, débattant de moins en moins avec elle-même. L'héritier d'Alain Touraine à la tête du laboratoire Cadis maintient néanmoins quelques espérances, “à condition d'apprendre à penser et à agir autrement”. Y compris en entreprise, si cette dernière veut “imaginer son monde” et “s'imaginer dans le monde”.
Vous qui fûtes un soutien de Martine Aubry lors des primaires socialistes appelez à ne pas accabler François Hollande, moins par conviction que par la nécessité de conjurer "le pire". Seize mois après son élection, quel diagnostic posez-vous sur l'état de la société française ? De quoi est-elle malade, et de quels maux l'exercice hollandais du pouvoir l'a-t-il frappée ? ...